La réhospitalisation évitable touche chaque année des milliers de patients. Selon la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), près de 20 % des patients de plus de 75 ans hospitalisés reviennent à l’hôpital dans le mois qui suit leur sortie (source : CNAM, 2023). Mauvaise coordination des soins, isolement à domicile, méconnaissance des dispositifs d’aide : le retour à la maison après une hospitalisation peut s’avérer fragile, surtout pour les personnes âgées, dépendantes, ou vivant en zone rurale.
Face à ce risque, de nombreux dispositifs existent pour sécuriser ce passage clé et favoriser le maintien à domicile dans de bonnes conditions. Mais qui fait quoi ? Comment y accéder ? Tour d’horizon des solutions actives en Sud Ardèche et davantage, nourri de données et d’exemples concrets.
Sans réponses adaptées, ces besoins augmentent le risque de chute, de complication ou de renoncement aux soins.
Le DAC, créé en 2019 en France, est souvent la pièce centrale du puzzle pour organiser un retour à domicile sécurisé. Il agit comme une plateforme de coordination entre établissements, médecins traitants, intervenants à domicile et services sociaux.
Sur le territoire de l’Ardèche méridionale, le DAC Croix-Rouge Compétence intervient sur plus de 12 000 situations par an (source : Rapport d’activité 2022 DAC Ardèche).
Les SSIAD sont des acteurs de première ligne pour les soins techniques et de base à domicile : toilettes, pansements, surveillance médicale. En 2021, ils ont accompagné près de 550 000 bénéficiaires de plus de 60 ans en France, soit une augmentation de 6 % en cinq ans (source : DRESS, 2022).
Les SPASAD, moins connus, allient soins infirmiers et aides à la vie quotidienne. Cette complémentarité permet de répondre globalement aux besoins complexes souvent rencontrés après une hospitalisation, sans perte d’informations.
Pour les patients atteints de maladies chroniques (Alzheimer, maladies neurodégénératives), les plateformes d’accompagnement et de répit proposent un soutien spécifique au conjoint ou à la famille, essentiel lors du retour à domicile.
Sur le territoire Sud Ardèche, le réseau Ardèche-Drôme Alzheimer a accompagné plus de 600 proches aidants en 2023.
L’HAD permet d’assurer à domicile des soins aussi complexes que ceux réalisés à l’hôpital (perfusion, soins palliatifs, chimiothérapies, retours de chirurgie lourde, etc). Aujourd’hui, près de 180 000 patients sont pris en charge chaque année par l’HAD en France (source : Fédération HAD, 2023).
Une étude menée par la HAS en 2021 a montré que l’HAD divisait par deux le risque de réhospitalisation chez les personnes âgées polypathologiques.
L’accompagnement social (ou médico-social) complète l’approche médicale :
L’articulation entre ces acteurs demeure un point d’amélioration constant ; la multiplications des services, sans coordinateur identifié, pouvant créer des ruptures dans la prise en charge.
Dans le contexte de la crise COVID-19, la télémédecine a permis d’assurer à distance le suivi de la décompensation de maladies chroniques après une hospitalisation. Aujourd’hui, 1,4 million d’actes de télémédecine ont été réalisés en 2022 en France (source : Ameli.fr, chiffres 2022), facilitant les retours précoces et sécurisés.
Cette pratique, bien implantée en Sud Ardèche, concerne désormais également les soins de suite (télérééducation, téléconsultations post-chirurgie).
Dans une commune rurale de 2 000 habitants, une patiente de 82 ans, adressée en service de chirurgie orthopédique, a bénéficié à la sortie d’un accompagnement coordonné par le DAC, avec relais immédiat SSIAD et portage de repas via le CCAS. Un compte rendu de sortie partagé avec l’infirmier libéral et le médecin traitant a permis de prévenir une déshydratation et de repérer une escarre naissante lors de la première semaine à domicile. Grâce à cette anticipation, la patiente n’a pas été réhospitalisée, alors que ce risque est souvent supérieur à 25 % chez les personnes âgées après une fracture du col du fémur (source : Ministère de la Santé, 2021).
L’accès à ces dispositifs repose sur plusieurs démarches :
L’implication de l’entourage, des aidants et des associations locales s’avère déterminante, tout comme l’anticipation du suivi médical libéral.
Mieux faire connaître ces dispositifs, fluidifier la coordination inter-acteurs, intégrer les outils numériques et renforcer l’implication des collectivités locales sont les leviers majeurs pour faire du retour à domicile un temps de sécurité, de réassurance, et non de vulnérabilité.
La dynamique collective est en marche sur le Sud Ardèche, mais elle doit s’amplifier partout. Investir dans la prévention de la réhospitalisation passe par l’accompagnement humain, l’innovation organisationnelle et le maintien du lien entre l’hôpital, la ville et le domicile.
Au cœur de cette ambition : reconnaître le rôle essentiel des professionnels du domicile, des aidants et des dispositifs de coordination — qui, bien au-delà des protocoles, dessinent un véritable projet de vie autour de chaque retour à domicile.
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